Quelle évolution pour le végéta*isme ?

Un billet positif aujourd’hui 🙂

Parce qu’il est parfois bon de voir le verre à moitié plein, surtout lorsqu’on rêve de changements concrets, faisons un petit tour d’horizon des pays où le végétalisme a le vent en poupe :

Royaume-Uni

Selon une nouvelle enquête, 12% des Britanniques ont désormais une alimentation végétarienne ou végétalienne. C’est même le cas de 20% des 16-24 ans. Les jeunes adultes sont ceux qui feront le monde de demain, n’est-ce pas ?

Dans le pays où a été créée la Vegan Society en 1944, 1 Britannique (adulte) sur 8 serait donc devenu végétarien-ne. En conséquence de cette tendance croissante, l’offre des produits végé est en plein boom et représente un marché de 625 millions de £/an en 2013. Et ce marché devrait même dépasser les 657 millions de £ cette année, selon les prévisions.

Israël

Ce pays est très végé-friendly et compte de 4 à 5% de végétalien-ne-s et 8% de végétarien-ne-s (donc 13% de végés au total). En fait, Israël est le pays le plus végétalien au monde !
Et cette tendance s’accélère. 13% des Israélien-ne-s envisagent de devenir végés.
Les dernières études de marché indiquent que les consommateurs s’orientent de plus en plus vers des produits sains et végétaux. La consommation de lait baisse et certaines marques proposent à présent des laits et yaourts végétaux. Les restaurants constatent une très forte augmentation de la demande en plats végétaliens.

La gastronomie locale comprend déjà des recettes végétales comme les falafels ou le houmous. Les fruits et légumes tiennent une place importante dans les recettes. La transition est donc beaucoup plus facile que dans d’autres pays (au hasard… la France) où un plat sans viande est difficilement concevable et où on oppose végétalisme et plaisir de manger.

Certains représentants religieux du pays sont tout à fait favorables au végétalisme.

Même l’armée n’est pas opposée au véganisme et propose des repas sans produits animaux ainsi que des bottes sans cuir !

Israël est également un pays où les végés sont très visibles : artistes, professions intellectuelles… Côté culture populaire, Tal Gilboa, militante végétalienne, a remporté l’émission de télé-réalité Big Brother cette année.

La progression du végéta*isme en Israël semble être due à plusieurs facteurs : la diffusion de reportages sur les horreurs de l’élevage industriel sur des chaînes de TV nationale, la viralité des vidéos de Gary Yourofsky qui est même allé là-bas répondre à des interviews télévisées, et l’esprit entrepreneurial de véganes israéliens qui ont fortement travaillé à la médiatisation du véganisme et au développement d’ateliers et de menus végé dans les restaurants par exemple.

Enfin, comme l’expliquait Charles Patterson dans son excellent livre Un éternel Treblinka, de nombreux juifs de tous pays ressentent une résonnance entre les souffrances des animaux et les souffrances du peuple Juif sous le régime Nazi. De quoi faire réfléchir.

Notons également la création en 2012 du mouvement 269 life par des Israéliens. Ce mouvement mise sur des actions spectaculaires pour sensibiliser à l’antispécisme et au véganisme. Il compte des antennes dans une quarantaine de pays désormais, dont la France.

La communauté juive américaine compte également de nombreux véganes. Cela a-t-il un lien ? (vraie question)
Un exemple parmi d’autres : Mayim Bialik, l’actrice qui incarne actuellement une scientifique décalée dans la série américaine The Big Bang Theory, est une végane engagée et elle vient notamment de publier un livre de recettes végétaliennes.

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États-Unis

En 2009, 1% de la population américaine était végéta*ienne… Aujourd’hui, en 2014, ce chiffre est passé à 5%, ce qui représente tout de même 16 millions de personnes ! Dont 2,5% de végétalien-ne-s. Une progression assez impressionnante !

Cette tendance est là pour durer. Environ 42% des personnes qui ne mangent pas de produits animaux ont déclarés qu’elles étaient devenues végétaliennes après avoir vu des vidéos d’informations. 65% ont déclaré avoir choisi ce régime alimentaire en soutien à un traitement éthique des animaux. 45% affirment avoir effectué leur transition vers le végétalisme dans le temps et parmi tous celles qui sont végétaliennes, 52% déclarent manger végétalien depuis moins de 10 ans.
En bref, l’étude a bien mis en lumière le fait que de plus en plus de personnes ont adhéré au végétalisme ces dernières années et qu’elles l’ont fait pour des raisons éthiques.

De la même manière, l’intérêt pour le végétalisme est clairement visible par l’étude des mots clés utilisés dans les moteurs de recherche. Selon Google, les recherches liées au mot « vegan » ont triplé de 2007 à 2014 !

Ce qui semble jouer en faveur du végétalisme aux States, en plus d’une offre en produits végéta*iens bien plus satisfaisante qu’en France, c’est sans doute le fait que de nombreuses personnalités américaines se déclarent « vegan » (ce qui peut vouloir dire « végétalien-ne » OU « végane » en français) : sportifs, artistes, politiques… Cela casse l’image de bobo, hippie, faiblard, extrémiste et j’en passe à laquelle on associe les végés dans l’Hexagone.

Allemagne

Comme l’Angleterre, l’Allemagne est réputée pour être un pays bien plus favorable au véganisme. Un nombre important de restos, de magasins de vêtements et accessoires et d’épiceries ont surgi récemment à Berlin.
9% des Allemand-e-s seraient végés selon une étude Institut Produkt und Markt, ce qui représente plus de 7 millions de personnes.

Si vous commandez des produits estampillés « vegan » en ligne, vous recevrez probablement des produits qui proviennent d’Allemagne (si vous résidez en Europe).

Italie

Selon le Rapport Eurispes 2011, les végés en Italie représentent 6,7% de la population (6,3% de végétarien-ne-s et 0,4% de végétalien-ne-s). Les personnes qui choisissent ces régimes alimentaires sont un peu plus souvent des femmes (7,7% des femmes contre 5,8% des hommes), les jeunes entre 18 et 24 ans (13,5%) et, de façon peut-être plus surprenante, les plus de 65 ans (9,3%).

L’Italie est le troisième pays européen en nombre de restaurants végés, juste derrière l’Allemagne et l’Angleterre.
Un supermarché entièrement végane (enseigne VEGANZ) va s’ouvrir à Milan, probablement en 2015.

Pays-Bas

4,5% des Hollandais-e-s sont actuellement végés (mais la plupart sont végétarien-ne-s pas végétalien-ne-s) et ce nombre augmente (tout comme celui des flexitarien-nes). Ce qui est intéressant c’est que la vente de simili-carnés connait une croissance annuelle de 25%, ce qui est énorme bien sûr.

Canada

Au Canada, les végéta*ien-ne-s représenteraient 4% de la population.

 Au Québec, le végéta*isme est en essor depuis 2009 notamment grâce à la médiatisation du végétalisme du hockeyeur Georges Laraque, aux livres d’Élise Desaulniers : « Je mange avec ma tête » et « Vache à lait » qui ont permis d’ouvrir le débat, à la création des Lundi sans viande. La productrice Julie Snyder produit également  « La face cachée de la viande » en 2012, documentaire qui est diffusé en prime time sur les chaînes principales.
Le nouveau gouvernement est plus ouvert à la question de l’éthique animale. Des initiatives comme la Marche pour la Fermeture des Abattoirs (événement médiatique mondial avec une date à Montréal) et le Festival Végane de Montréal voient le jour.

Et la France, alors ?

La France évolue au ralenti avec nombres de défenseurs de traditions culinaires particulièrement cruelles (pensons au foie gras par exemple) et l’interdiction légale de servir des repas végétariens dans les collectivités publiques (comme les cantines scolaires) ! Les végétariens seraient seulement 2 à 3% en France actuellement.

Mais l’évolution des mentalités est tout de même là :

France

Google Trends nous montre le graphique des requêtes pour le mot « vegan » en France ces dernières années.

Si vous aimez les visuels, voici un lien vers une carte mondiale interactive du pourcentage de végétariens par pays. Malheureusement il manque les données pour pas mal de pays (apparemment la Finlande est également végé-friendly avec 4 à 5% de végétarien-ne-s et beaucoup de véganes,  ainsi que des cantines scolaires avec repas végétariens et de nombreuses options végés au resto). L’Inde reste bien sûr le pays comptant le plus de végéta*ien-ne-s (environ 40%, soit près de 450 millions de personnes) majoritairement pour causes religieuses, ce qui est donc un cas particulier.

Si vous lisez ce blog depuis un pays non étudié ou si vous souhaitez apporter des précisions/corrections à ce billet, n’hésitez pas !

14 commentaires

  1. Très intéressant comme article! Pour habiter au Québec, c’est absolument vrai qu’il y a un engouement pour le végéta*isme et la consommation alimentaire plus éthique en général! Il y a de cela 5 ans, il y avait des marchés fermiers qu’à Montréal et on en retrouve maintenant dans presque toutes les petites villes! Et les gens sont plein d’engouement pour la chose. Pour ce qui est des droits animaux par contre, je ne suis pas certaine que le gouvernement présentement soit très proactifs au niveau des droits des animaux et ils subventionnent encore des mégas-porcherie qui font le désastres de nos régions québécoises… Et ce n’est bien sûr qu’un exemple parmi tant d’autres!

    Par contre, plusieurs groupes se mobilisent et grossissent constamment ce qui permet en effet l’apparition de plusieurs événements vraiment intéressants et rassembleurs autour de la question… Et les resto végétalien sont de plus en plus présents, ce qui est réellement un plaisir (pour la tête et pour le ventre! 😉 )!

    Mais cette article donne un petit coup de joie dans ma vie et j’ai trouvé agréable que tu rappelles qu’en effet, les jeunes seront les vieux de demain… Alors on peut espérer du changement pour le mieux!

    K.

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    • Merci pour ton retour. J’aime bien avoir des nouvelles du Québec.
      Pour le gouvernement, à vrai dire, c’est ce qu’ont expliqué Elise Desaulnier et Martin Gibert aux Estivales 2014 lors de leur conférence (à moins que j’ai mal compris). Je ne sais pas sur quels points cela portait exactement. Je suppose qu’un gouvernement totalement pro droits des animaux est encore utopique pour l’instant malheureusement. Mais petit à petit on peut gagner des batailles…

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      • C’est possible que notre gouvernement soit un peu plus ouverts que les autres! 🙂 Mais il reste évidemment bien du chemin à faire et il faut les aider! :p Mais ça m’intrigue, je vais m’informer à savoir ce qui a pu motiver cette remarque de la d’Elise Desaulnier et de Martin Gilbert! Et si c’est vrai, ça m’emplira de bonheur! Et ça me rappelle que je dois lire ce qu’elle a écrit… Tant de choses intéressantes et trop peu de temps! Mais je m’y mettrais… Et peut-être que j’aurais là la réponse à ma question!

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  2. Sans vouloir diminuer cet optimisme (que je partage moi-même), il faut prendre ces statistiques avec un gros grain de sel. Je ne retrouve plus la source, mais certains sondages pointaient que même parmi ceux et celles qui s’identifiaient en tant que végétarien-ne-s, lorsqu’on leur demandait ce qu’ils ou elles avaient mangé pendant la semaine, on retrouvait de la viande. Les gens ont tendance à exagérer leur témoignage, autrement dit.

    Et je n’ai pas la même lecture d’Élise Desaulniers et de Martin Gibert concernant l’idée que le nouveau gouvernement serait plus ouvert aux animaux. Un ministre a dit, par lui-même, qu’il voulait réformer le statut juridique, mais on est bien avant un projet de loi. Les autres ministres et le premier ministre ne se sont pas encore prononcé, à ma connaissance. Et le lobby d’exploitation va évidemment répliquer, comme ce qui s’est produit au niveau fédéral dans les années 2000: tout a été perdu. Et j’ai beaucoup de difficulté à voir cette initiative comme une reconnaissance envers l’animal, car à peu près rien ne changerait dans la condition animale. En soi, ça ne crée pas plus de véganes, comme nous l’avons soulevé ici: http://www.ledevoir.com/societe/justice/398958/les-animaux-devraient-etre-consideres-comme-des-personnes

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    • Effectivement, j’ai déjà entendu parler de ce phénomène : dire qu’on est végé alors qu’on ne l’est pas. Est-ce que les végés par éthiques diraient ça ? C’est possible mais peut-être en moins grand nombre que les végés pour raisons de santé, de régime ou d’écolo… pour qui il est moins important de ne pas faire d’écart (régulier). Mais ce n’est que ma supposition.
      Un végé non éthique peut également plus facilement repasser à un régime carniste, il me semble.
      Du coup quel %age est réellement végé ? Ce serait vraiment intéressant d’avoir des données plus détaillées (et des questions posées de façon plus précise pour éviter les malentendus).
      Quoi qu’il en soit, les sondages donnent une tendance générale, mais c’est toujours à prendre avec des pincettes !

      Dommage alors si ce gouvernement ne fait guère mieux que les autres.
      Merci pour le lien, je vais aller lire ça.

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  3. slt,j’suis vegan je vie en Afrique au république démocratique du Congo,nous avons une association dont je suis président,je vous prie de nous aider à être en contact avec les associations des végétariens et vegans pour nous soutenir parce que mon pays ne pas encore terre des végétariens

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  4. Bonjour,

    Merci pour l’article! C’est toujours motivant de sentir que les chiffres augmentent, même si ça ne reste que des statistiques incertaines…

    J’aimerais réagir à cette affirmation : « C’est possible [de dire qu’on est végé alors qu’on ne l’est pas] mais peut-être en moins grand nombre que les végés pour raisons de santé, de régime ou d’écolo… pour qui il est moins important de ne pas faire d’écart (régulier). Mais ce n’est que ma supposition.
    Un végé non éthique peut également plus facilement repasser à un régime carniste, il me semble. »

    Une catégorisation compréhensible, que j’entends souvent depuis 10 ans, et plusieurs fois de la part d’ex-véganes aujourd’hui. Cette hiérarchisation des véganes, cette exclusion des personnes « pas comme il faut », m’énerve au plus haut point. Est-ce que ça veut dire que se soucier de la viabilité de la planète ou du bien-être des personnes malades, ce n’est pas éthique? Est-ce qu’on pourrait accepter qu’il est possible de se soucier du bien-être de plus d’une catégorie d’individus et de causes à la fois? La convergence des luttes, cela signifie aussi ne pas hiérarchiser les personnes en fonction des causes qui les touchent le plus à un moment donné. On agit rarement pour un seul motif.

    Depuis environ 10 ans que je suis végétalienne puis végane, j’ai lu énormément de statistiques sur les ex-véganes. J’ai aussi rencontré énormément de personnes qui m’ont dit « avoir tenté » le végétarisme ou le végétalisme avant d’avoir recommencé à manger « de tout ». Et ça m’attriste! Du coup, je m’intéresse aux raisons sous-jacentes de ces revirements.

    Dans tous les cas, ces personnes ont tenté la chose, souvent après avoir vu une vidéo de L214 ou un article, ou avoir eu une conversation ouverte avec des personnes militantes, puis ont eu une carence, ou ont trouvé ça difficile socialement avant de recommencer à manger des produits d’origine animale. Exit le bien-être animal quand on tombe malade ou quand on se sent exclu.e!

    Ma conclusion personnelle est que les ex-véganes sont des personnes qui le sont devenues sur un coup de tête, sans s’informer sérieusement sur la nutrition végétale complète et sans avoir pris soin de leurs liens sociaux. Et ce, indépendamment des raisons premières qui les ont poussé vers le véganisme (éthiques, de santé, environnementales ou autres). Je vous assure que je préfère voir quelqu’un.e de végane « pour la santé » et qui le reste toute sa vie que quelqu’un qui l’est « pour les animaux » d’abord, et qui milite à fond, et qui t’engueule parce que tu portes encore un foulard en laine que tu as reçu en cadeau depuis peut-être 15 ans… et qui recommence à manger des POA 2 ans plus tard, car ille ne s’est pas supplémenté.e en vitamine B12 ou n’a pas mangé assez de légumineuses pour combler ses besoins en fer, magnésium et calcium.

    Il faut se renseigner sur l’alimentation végétale complète si on veut être végane viable! Pour moi, c’est vraiment la clé du véganisme durable : oui, d’abord véganiser le monde, et OUI, s’assurer que les véganes ne recommencent pas à encourager la production de POA quelques temps plus tard, sinon c’est de l’énergie perdue. Des coups d’épée dans l’eau. C’est encore plus important en France qu’au Québec. En effet, en Amérique du Nord, les laitages et viandes végétales sont supplémentés en vitamine B12, calcium et vitamine D. Et la plupart des nutritionnistes et médecins savent qu’on peut être végane en santé. C’est un plus énorme, ça peut faire la différence entre une carence ou pas. Entre un.e végane durable ou pas. Mieux vaut des véganes averti.e.s que des véganes d’un soir!

    Bref, pour une planète un jour plutôt végane, j’aimerais miser sur l’inclusion, sur l’information et sur la communication non-violente…

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    • En effet comprendre pourquoi autant de personnes ne deviennent pas VG, et même, cessent de l’être, est crucial pour atteindre nos objectifs. Ces raisons doivent être identifiées et on doit s’attaquer à chaque problématique. Heureusement de plus en plus d’organisation se préoccupent de cela, et des études sont faites (je pense notamment à Faunalytics).

      Merci pour ce commentaire intéressant et ces suggestions pleines de bon sens, Isis, à bientôt !

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