Violence is violence

Je vois régulièrement passer depuis quelques temps une vidéo britannique sur les hommes battus, sur les violences domestiques contre les hommes, qui seraient sous-estimées par rapport aux violences contre les femmes :

Cette vidéo est accompagnée de cette légende :

En caméra cachée, un couple se dispute en pleine rue au Royaume-Uni. L’homme va se montrer menaçant avec sa copine et les passants vont alors venir s’interposer et lui demander de se calmer. La même scène va alors être rejouée, sauf que cette fois c’est la femme qui va se montrer agressive avec son petit ami, la réaction des passants va être totalement différentes. Les passants vont sourire et être amusés de voir la femme menacer son petit ami. Il s’agit d’une campagne souhaitant sensibiliser les gens sur le fait que 40% des violences conjugales en Angleterre sont subies par les hommes. #ViolenceIsViolence.

D’autres ont déjà fait la critique de cette vidéo avant moi mais comme je n’arrête pas de la revoir passer, je vais faire un petit résulmé de ce qui ne va pas.

C’est effectivement une vidéo de masculinistes. Le montage est fait pour faire passer le message que cette association masculiniste (ManKind Initiative) a envie de passer. Normalement quand on fait une caméra cachée, on ne coupe pas les séquences n’importe comment pour raconter une autre histoire.

En réalité, je crois qu’on le sait tou-te-s, quand des femmes sont victimes d’agressions, y a pas grand monde pour réagir hein.
Pour ce qui est des victimes hommes, oui, il y a le problème supplémentaire de subir des moqueries du genre « t’es pas un vrai homme si tu te fais taper/dominer par une femme », etc. Et on en revient au problème des clichés genrés patriarcaux.

A noter aussi que les violences dans la rue et les violences domestiques ne sont pas exactement le même problème, or là ils parlent de l’un pour argumenter sur l’autre… 

Point important : La stat de 40% de victimes qui seraient des hommes, elle sort de nulle part. (Ou si quelqu’un arrive à trouver une source sérieuse je suis preneuse !)
À lire pour ceux qui souhaitent consulter quelques chiffres, ce Rapport officiel sur les violences conjugales en France. Il aurait été bon d’ajouter d’autres statistiques mais les chiffres cités sont déjà intéressants.

Une autre chose à ne pas oublier : les victimes hommes de femmes violentes sont souvent (je dis pas toujours mais souvent) des hommes tués par leur compagne/ex-compagne par légitime défense parce qu’ils étaient violents à la base.
On ne parle pas non plus des relations homosexuelles dans cette problèmatique.

Tout ça pour dire que :

  • la proportion de victimes femmes est largement plus importante que celle des victimes hommes
  • les personnes qui commettent ces actes de violences restent en énorme majorité des hommes, quelque soit le genre de leur victime.
  • le problème des hommes victimes de violences domestiques est effectivement un problème réel dont on parle trop peu (presque pas du tout en fait) MAIS ce n’est pas en mentant qu’on va aider les victimes masculines, ce n’est pas en minimisant les victimes femmes ou en essayant de discréditer les luttes féministes qu’on va aider les hommes, bien au contraire puisque la remise en cause du patriarcat bénéficierait aussi aux victimes hommes.

Il ne faut pas tomber dans le piège d’une guéguérre entre hommes et femmes et d’une hiérarchisation des souffrances des uns et des autres. Le problème ne vient pas tant d’un genre ou d’un autre, mais d’un système, d’un modèle de société où les hommes sont enfermés dans une case où on les encourage à être dominant, agressifs et « conquérant » et où les femmes, au contraire, s’entraînent dès le plus jeune âge à se conformer à un modèle de patience, de soumission et d’abnégation afin d’être acceptées et « aimées ».

Ce genre de vision binaire mène à des situations où un homme a du mal à comprendre et à supporter que sa compagne ne soit pas ultra prévenante, presque maternelle avec lui, qu’elle lui refuse des rapports sexuels, qu’elle ne se plie pas à ses règles de conduites dictées par une jalousie qui peut même devenir maladive, etc. Les femmes à force de banalisation de ces situations autour d’elles, dans la vie réelle et dans la culture populaire, auront tendance à ne plus se rendre compte que leur volonté et leur consentement ne sont plus respectés.

Les masculinistes jouent une fois de plus sur l’affectif et l’indignation pour manipuler les foules. Les violences domestiques sont un nouvel axe pour se plaindre du féminisme et prétendre que les hommes sont traités injustement par les anti-sexistes et que les droits des hommes sont ainsi piétinés.
Il y a quelques temps, on voyait un peu partout des pères monter sur des grues pour réclamer une garde alternée de leur enfant (alors que si les hommes ont peu la garde de leur enfant, c’est en majorité parce qu’ils ne la réclament pas et parfois parce qu’ils ont été reconnus responsables de violences envers leur ex-compagne voire envers leur enfant… ce qui explique donc les faibles statistiques de garde accordée aux pères.

Même tactique, même combat. Mais tandis que les féministes se battent pour l’égalité hommes/femmes, les masculinistes ne défendent personne à part eux-mêmes, en tant qu’hommes agressifs voire violents.

AuYe3SbCQAAvZr-Source : Les mots de Mélanie

 

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