La méthode PETA

Si vous tapez PETA dans l’onglet Images d’un moteur de recherche, vous tomberez sur une mosaïque d’images de femmes et de quelques hommes très souvent nus, du moins en position glamour voire sexy. C’est parfois même de mauvais goût.

Du genre ça :

PETA 1« Combattez l’impuissance »

En misant sur la sexualisation et l’objectivation des femmes pour attirer l’attention, PETA exerce une domination sexiste qui non seulement nuit aux femmes mais n’aide pas du tout la cause animale puisqu’en plus de faire perdre sa crédibilité à cette association, elle ne fait pas du tout appel à l’empathie ni à l’intelligence du spectateur. Zéro pointé.

Le parallèle sexisme/spécisme est assez marquant de manière générale quand on regarde de plus près la culture populaire actuelle. En particulier les publicités regorgent d’exemples de femmes présentées comme des morceaux de viandes et d’animaux sexualisés. Double oppression. Mélange des genres. Dégoût.

Ramener la violence envers les autres animaux et leur exploitation à des problèmes aussi futiles que les performances sexuelles ou la beauté est vraiment contre-productif en plus d’être de mauvais goût et immoral. Enchaîner de belles jeunes femmes presque nues pour symboliser l’horreur des abattoirs, feindre le plaisir presque SM d’une femme violentée par son conjoint devenu végane pour vanter les mérites du régime végétalien… C’est racôleur et très nuisible à la cause féministe, qui doit déjà faire face au sexisme dans toutes les facettes de la société. Se faire tackler et prendre en otage en prime par une association supposée lutter contre une forme d’oppression est décidément révoltant.

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Une partie du livre Un Eternel Treblinka traite de la déshumanisation des victimes en les rabaissant au rang d’animaux (donc de créatures inférieures et méprisables dans de nombreuses cultures) afin de pouvoir les maltraiter. Utiliser des femmes déshumanisées provoquera non pas l’empathie pour les victimes animales mais renforcera probablement le mépris et l’irrespect envers les femmes. On est encore une fois dans le cas d’images pensées pour le regard masculin, le male gaze. La femme, l’animal, c’est l’Autre. On crée donc ainsi une distanciation et non une identification.

Utiliser de jeunes et jolies jeunes femmes pour qu’elles jouent de leur sex appeal me rappelle la stratégie des Femens pour attirer l’attention des médias, supposément pour dénoncer le sexisme. Elles ne représentent pas les femmes, toutes les femmes, mais seulement un stéréotype de femme et ne passeront à la télé que pour faire monter l’audimat et rincer l’œil du mâle hétéro type. Mais que retiendra un public qui ne s’intéresse pas aux arguments avancés pour une cause et sera même conforté dans ces préjugés discriminants ?

Se faire représenter par des personnalités a des avantages en termes de médiatisation : autant mettre en avant des personnes talentueuses, intelligentes et ayant du cœur comme Pink ou Joaquin Phoenix. Quant aux femmes célèbres comme Pamela Anderson ou Alyssa Milano, elles ont certainement des arguments plus convaincants à diffuser que leur plastique.

L’une de mes prochaines lectures sera sur le sujet puisqu’il s’agit de : The Pornography of Meat de Carol J. Adams.

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Des tas d’associations luttent pour les animaux de manière efficace et sans sacrifier leur éthique égalitariste, avec des campagnes qui parlent des faits sans prendre en otage un autre groupe opprimé, mais seulement par des arguments forts, une bonne communication et grâce à la participation des militants sur le terrain. Elles ont parfois un budget pourtant très limité (sans commune mesure avec celui de PETA en tout cas). Mais elles n’ont pas perdu de vue leurs valeurs.

Exemples parmi tant d’autres :

Soutenons ces associations-là.

11 commentaires

  1. Très bien ton article. Tu mets le doigt sur l’un des trucs qui font que je ne serai jamais vraiment sur la même longueur d’ondes que la PETA. C’est d’ailleurs pour ça que je me suis bien plus volontiers tourné vers L214. Combattre une oppression en en véhiculant une autre est extrêmement dommageable et c ‘est exactement ce dont il est question ici.

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  2. La comparaison entre PETA et Femens me semble inappropriée presque fallacieux. Mais tout de même, comment peut-on croire faire avancer la cause des autres animaux en faisant reculer celles des femmes. Je me demande parfois si les gens de cette « association » sont réellement végétariens.

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    • Qu’est-ce qui serait gênant exactement dans cette comparaison ?

      J’ai l’impression que les directeurs de campagne PETA (certains en tout cas) sont bel et bien pour les droits des animaux, mais complètement hermétiques aux autres causes, en tout cas aux droits des femmes. C’est dommage mais pas si étonnant que ça.

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      • Je ne sais pas trop… Les Femens sont des vraies femmes qui mènent un combat qui peut les blesser et plus encore. Les affiches de PETA ne sont que des images archi-photoshoper qui ne mènent qu’au sexisme. C’est comme ça que je le vois.

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        • Oui les Femens prennent des risques, je le reconnais volontiers (ce qui pose d’autres questions dans cette organisations, c’est qu’on dirait bien que les femmes qui s’exposent sont les pionnes d’un homme puissant mais ce n’est pas clair et puis c’est un autre sujet). Mais au niveau de ce qui est mis en avant pour attirer l’attention, je crois que malheureusement la logique du sex-appeal est la même (ce serait différent si les Femens ne filtrait pas pour ne montrer que de jeunes et jolies militantes minces…).

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          • Maintenant que tu l’écris, c’est vrai qu’il n’y a ni ronde ni petite ni vielle femmes… Ce qui ne représente pas la société.

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