La non-violence éducative

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Le 30 avril, c’était la Journée de la non-violence éducative.

L’occasion pour moi de faire le point sur ma vision de l’éducation.

Éduquer, c’est surtout élever son enfant. Oui, élever, comme « faire aller plus haut ». L’accompagner pour qu’il grandisse sur des bases saines, qu’il puisse être lui-même en toute sécurité et qu’il s’épanouisse. Le rôle d’un enfant n’est pas d’apprendre à se soumettre. Un enfant n’est pas un faire-valoir et on ne doit pas lui transmettre nos névroses.

Je sais c’est plus facile à dire qu’à faire et je n’écris pas cet article pour juger qui que ce soit. Mais il me semble qu’il très important de poser certains principes de départ. Histoire de savoir où l’on va et de trouver des chemins pour y arriver.

Comment ça se passe chez moi ?

Pour ma part, avec mon enfant de presque trois ans, j’avais envie de transmettre des notions d’amour et de partage mais je refusais l’idée d’une éducation qui pourrait être taxée de laxiste.
Élevée dans une famille de type « traditionnel », ma mère s’est arrêté de travailler pour s’occupér de nous, mon père bien qu’aimant était dans son « rôle d’autorité » et ma mère nous menaçait de faire appel à lui le soir quand il rentrerait si nous n’étions pas sages, mon frère et moi.
Mais je dois beaucoup à ma mère car elle a toujours été un modèle de tendresse et de justice. Elle n’a jamais été dans la confrontation, elle faisait preuve de psychologie (sans avoir eu la chance de lire comme moi des livres sur la pédagogie ou la psychologie) et de respect vis-à-vis de ses enfants, ainsi que des enfants qu’elle gardait, à la maison, comme travail à temps partiel pendant quelques années. Même si j’ai reçu une fessée pour un gros caprice, comme on dit, quand j’avais environ 3 ans et que mes parents n’y voient qu’une sanction anodine, en discutant avec elle nous sommes tombées d’accord sur le fait que ce n’était pas une méthode d’éducation mais un constat d’échec à un instant T.
Il peut arriver à n’importe quel parent d’être débordé-e, sur les nerfs, dépassé-e, à bout… mais rappelons-nous qu’il vaut mieux faire une pause que de frapper son enfant ou même de lui hurler dessus.
S’il m’est arrivé quelques fois de perdre mon calme et de crier sur ma fille, non seulement je l’ai regretté de suite mais j’ai de toutes façons bien vu que ce n’était pas efficace.
Quant aux claques et autres frappes sur ma fille, c’est proscrit, c’est une limite que j’entends bien ne jamais franchir. Et tout le monde est prévenu.

Dans la tête d’un enfant

Un enfant sur lequel on crie va sans doute s’énerver et pleurer encore plus. La crise va durer encore plus longtemps : c’est du perdant-perdant. L’enfant se sent incompris et seul, la raison profonde du problème n’est pas réglée, la communication est rompue.
Mettons-nous un instant à la place d’un enfant : nous-même nous ne nous calmerons pas si notre interlocuteur nous crie dessus ou fait des gestes brusques. Et qui tolérerait un coup ?
Pourquoi est-ce qu’on condamne moralement et légalement de frapper son conjoint ou de maltraiter son animal de compagnie, mais qu’on tolère de frapper un enfant ?
Le deuxième effet possible suite à une fessée ou une claque portée à un enfant (mais aussi suivant le fait de lui crier dessus, de lui dire constamment de se taire…), c’est qu’on va simplement lui inculquer la crainte. Pas le respect. Pas à vivre en société. Il n’en ressortira rien de bon. L’enfant va intérioriser sa tristesse, sa rancœur, son incompréhension (car souvent l’enfant, surtout s’il est très jeune, n’a même pas compris ce qu’on attendait de lui). Évidemment ce n’est pas le genre de choses qui aident à se construire sainement, bien au contraire.
C’est ainsi que l’enfant risque de devenir craintif / menteur / effacé, car il fera tout pour éviter le conflit et aura intériorisé que son avis ne compte pas (ni son intégrité physique parfois).

Enfin, un enfant apprenant avant tout par l’exemple, il ne comprendra pas pourquoi vous lui interdisez en même temps de crier ou de taper (et il aura raison car c’est simplement incohérent).

Alors laxiste ?

Non, respecter son enfant, ce n’est pas du tout être laxiste. C’est juste sortir des rapports de domination. On est dans la même équipe après tout non ?
Bien sûr qu’on pose tout de même des limites.
Pour commencer il faut savoir distinguer les envies des besoins. On peut refuser une énième glace mais c’est injuste de refuser un câlin à un enfant qui se sent mal, par exemple. Tout comme on n’irait pas lui dire que c’est un caprice s’il demande de manger un peu plus de légumes parce qu’il a faim. On ne va pas s’énerver pour ça et lui refuser. C’est un besoin. L’affection et la proximité physique ainsi que la disponibilité de l’entourage font partie des besoins des enfants. Les besoins ne sont pas que physiques.
D’autre part, il est évident que tout ce qui touche à la sécurité (de l’enfant ou des autres) n’est pas négociable. Les comportements dangereux doivent cesser rapidement.

Pour autant il y a la manière de poser ces limites. On a vu que devenir agressif n’aide en rien.
L’éducation doit rester bienveillante. Un enfant comprendra mieux et consentira davantage à faire ce qu’on lui demande s’il est traité avec respect et si on communique clairement avec lui. Être ferme ce n’est pas être agressif.

Rappelons que la France a signé la Convention internationale des droits de l’enfant, convention qui interdit les châtiments corporels sur les enfants. Pourtant de la théorie à la pratique, il y a un fossé…

Sans fessée, comment faire ?

Quelques points de base :
-Ne pas rompre la communication
-Faire preuve d’empathie / se mettre à la place de l’enfant
-Ne pas être agressif/ve
-Prendre en compte les capacités cérébrales et psychomotrices de l’enfant selon son âge (par exemple, plus on est jeune, plus on est maladroit et moins on arrive à gérer ses émotions)

Je vous conseille vivement de consulter ce petit livret Sans fessée, comment faire ? qui, de façon très simple et sans culpabiliser les parents, donne des pistes pour mieux communiquer avec son enfant et éviter les conflits.

Quels résultats ?

Ce genre de conseils n’est pas difficile à mettre en place, il s’agit surtout d’habitudes à prendre, et surtout… ils marchent !
Pour avoir constaté la différence entre les 2 types de comportements, je peux dire que cela a fini de me convaincre.
J’ai essayé de faire preuve d’empathie et de patience dès le début avec ma fille, car après tout c’est une enfant on ne peut pas lui demander de se comporter en adulte, et je suis satisfaite de notre relation et de notre comportement à toutes les deux.
Cela dit, comme tout le monde, parfois la journée a été trop dure, plus d’énergie, plus de patience, j’explose, je m’énerve, je ne cherche plus à comprendre. Et bien le résultat est sans appel : au lieu de désamorcer les tensions je les attise. Je me sens coupable. Je vois bien que ma fille ne mérite pas une colère si noire et qu’elle essaie par ces pleurs de m’appeler à l’aide. Il n’y a pas photo.
Et devinez quoi, dès que j’arrête que je reprends les principes de non-violence et de communication, tout s’apaise. Je me mets à la hauteur de ma fille, je lui prends la main ou je la prends dans mes bras, je lui explique que j’ai perdu patience mais que j’aurais pas dû crier comme ça, et elle se calme. Un gros bisou (ou même plusieurs tiens) réciproque et ça repart. De là j’essaie de comprendre ce qu’elle voulait et de formuler une réponse claire et juste pour elle. Et ça marche. Franchement.

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Merci à Korriganne pour cette belle illustration !

 Pour aller plus loin :

*La Conférence d’Isabelle Filliozat « Il n’y a pas de parent parfait ! »

 « La responsabilité, c’est le contraire de l’obéissance. »

*Le reportage « Si j’aurais su… je serais né en Suède » de Marion Cuerq qui compare les systèmes éducatifs français et suédois.

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4 commentaires

  1. […] Chez moi ça se passe comme ça, véto absolu sur les coups, je travaille à ne pas recourir au système punition-récompense pour élever ma fille (3 ans) même si ce n’est pas évident tous les jours (d’ailleurs je me rends bien compte que le système est nul mais je n’ai pas assez bien intégré comment faire autrement lorsque la crise est forte). […]

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