Majorité opprimée

Le sexisme prend des formes assez diverses, des degrés plus ou moins forts. Il est omniprésent.
La vie des femmes est ponctuée par ces agressions, dont certaines sont tellement courantes et banalisées qu’on ne les remarques même plus. Les hommes pensent souvent que les femmes exagèrent. Les femmes pensent souvent que c’est inévitable, qu’il faut faire avec, que ce n’est peut-être pas si grave au fond.
Un système d’oppression réussit d’autant plus qu’il est devenu invisible (absence de conscience donc de révolte).

Ce petit film d’Éléonore Pourriat (10 min) rend assez bien ce vécu, en inversant les places des hommes et des femmes.

Bien entendu, je précise qu’en aucun cas le propos n’est de dire que tous les mecs sont d’horribles harceleurs/violeurs, etc.
L’idée est de dénoncer une situation insupportable et pourtant acceptée sans broncher par la majorité.

Bizarrement (ou pas), en regardant cette vidéo, je me suis sentie vraiment mal à l’aise, comme choquée.
Pourtant je confirme que ces situations sont représentatives du vécu des femmes (dont moi) – cas à part du viol qui heureusement n’arrive pas à toutes, mais qui est malheureusement loin d’être une situation rare non plus.
Malgré le fait que ces situations me sont familières, elles me paraissent juste dingues dans cette vidéo. Sans doute parce que je ne suis pas habituée à les voir ce produire dans ce sens-là. Je ne sais plus à qui m’identifier.
Je me rends compte de la violence et de l’injustice sous mes yeux grâce à ce décalage.

C’est un bon test que d‘inverser les rôles pour savoir si une situation est « normale », acceptable… ou pas.
Cette vidéo en est un bon exemple, mais vous pouvez aussi faire le test avec des pubs, des personnages de jeux vidéos ou de films, etc.

Aux hommes qui pensent que les féministes se plaignent pour rien, est-ce que vous ne seriez pas vous aussi en colère si vous deviez vivre ça tous les jours de votre vie ?

Parlons de quelques-uns des thèmes évoqués dans Majorité opprimée

Le harcèlement dans la rue est très courant (près de 99% des femmes disent le vivre). Des regards appuyés, avec des expressions de visages salaces, s’orientant souvent ailleurs que sur le visage… Des remarques sexistes, des insultes… Et les mains baladeuses (mention spéciale aux transports en commun)…
Tout cela fait qu’on perd ce sentiment de sécurité pourtant indispensable au bien-être. Dans la rue, nous sommes en terrain miné. Il faut faire attention au lieu, à l’heure, aux personnes que l’on croise, à nos tenues…
Ah nos tenues ! Notre comportement ! Nous y voilà. Non seulement on ne se sent pas aussi libres et en sécurité que les hommes, mais en plus les « mythes sur le viol » (inconsciemment entretenus par chacun d’entre nous) concourent au fait que les femmes se sentent responsables s’il leur arrive du mal. Le monde à l’envers !

harcelementderueIllustration trouvée sur Slate

Un ton condescendant paternaliste pour parler à une femme, c’est également über répandu. Le gros cliché c’est l’artisan ou le garagiste qui vous parle, par défaut, comme si vous y compreniez rien, voire (j’ai eu ça j’ai frôlé la crise de nerfs) qui ne s’adresse qu’à votre conjoint lorsqu’il est là, ne vous regarde même pas, vous ignore quoi (limite il vous dit ni bonjour ni au revoir). Ou le banquier qui donne automatiquement la carte Gold au mari plutôt qu’à la femme (quelle question !).

L’occupation de l’espace par les hommes est également évoquée rapidement, dans la scène où une femme urine dans une ruelle (scène juste inconcevable avec une femme alors que c’est très fréquent de croiser un homme qui a jugé le fait d’uriner dans la rue comme anodin).
Que ce soit dans la liberté de langage, dans le comportement ou par l’occupation concrète de l’espace, il y a des différences flagrantes entre hommes et femmes, en raison des conditionnements qui commencent dès la petite enfance. Alors que les femmes doivent toujours surveiller leur langage, faire attention à rester distinguées et discrètes, à s’asseoir les jambes fermées ou croisées… les hommes peuvent s’étendre, prendre leurs aises et parler comme ils l’entendent. Non seulement cela leur est permis, mais c’est même encouragé car signe de virilité, d’assurance (alors que chez une femme ce serait jugé vulgaire).

Hommes-métro-4

Le passage du film où l’on voit un homme musulman portant le hijab me semble intéressant pour deux raisons :
– Le premier degré est une critique (prononcée par le personnage principal) de la religion prétexte des hommes à l’enfermement et à la déshumanisation des femmes. Le personnage musulman semble d’ailleurs passif, coincé, embarrassé (?), totalement dans sa tradition et non dans le dialogue.
– Le deuxième degré est celui qui nous montre que, dans les pays « occidentalisés », nous nous croyons justement hors de portée de la violence sexiste. Pourtant le reste du film, et en particulier la fin, nous prouve le contraire. Le sexisme est là, sous nos yeux, même s’il prend une forme différente. Balayons devant notre porte.
Le sexisme doit être combattu partout.

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