Parentalité : les théories de Winnicott

J’ai découvert les théories de Donald W. Winnicott il y a quelques jours en lisant cet article, suggéré par Mme Déjantée.
Moi qui  m’intéresse à la parentalité bienveillante et à la psychologie, je me suis dit que j’allais sûrement apprendre des choses intéressantes.
Seulement j’ai été un peu troublée, dérangée et même sceptique sur certains points.

Développons un peu tout ça.

Winnicott est un pédiatre, psychiatre et psychanalyste anglais, dont les théories relatives aux enfants et à leur développement on rencontré un écho favorable, en particulier dans les années 1970.

DonaldWinnicottColage-PS.350.

L’importance de l’environnement dans la construction de l’enfant
Winnicott a été parmi les premiers à lier les séparations traumatiques lors de l’enfance aux comportements délinquants survenant plus tard.
Le lien de corrélation semble on-ne-peut-plus pertinent. Après tout, nous sommes des animaux sociaux, et la culture joue au moins autant que la nature dans nos vies. Nous savons maintenant que nous nous construisons par rapport à notre environnement, nos relations, nos expériences et les traumatismes en particulier laissent des marques sur notre façon d’être et de vivre. Qui plus est lorsqu’ils surviennent durant l’enfance.
Je ne veux pas faire de la psychologie de comptoir mais il me semble qu’à moins d’une influence positive, d’une expérience réparatrice ou d’un processus d’analyse et de travail sur soi, on traîne ses traumatismes comme autant de boulets qui nous pèsent et nous poussent à faire de mauvais choix.

L’objet transitionnel (aka « Doudou »)
Winnicott en fait un objet indispensable à l’enfant pour qu’il se construise sainement.

Je n’ai jamais eu de Doudou (quelques préférences dans mes peluches mais aucune n’a jamais été traînée partout sous peine de crise de pleurs) et ma fille de 2 ans et demis n’en a pas non plus. Et nous allons très bien, merci.
Non pas que nous ayons été privées d’objet d’attachement favori, c’est juste que (elle comme moi, apparemment) nous n’avons rendu aucun de nos sympathiques compagnons indispensables ou garants de notre bien-être et de notre sentiment de sécurité. Idem pour la sucette qui ne nous a jamais intéressées.

Mais après tout, on ne peut pas tirer de conclusions ni dans un sens ni dans un autre de quelques cas particuliers.

bebe_peluche_doudou_mignon_enfant

Lorsque je me suis renseignée sur l’allaitement, pendant ma grossesse, je suis tombée sur des articles très intéressants traitant de ce sujet. L’objet transitionnel ne serait pas aussi indispensable que ça et son utilisation est loin d’être universelle.
Plusieurs psychanalystes sont pour le moins frileux, voire carrément hostiles à ce concept développé par Winnicott. Par exemple, Bowlby considère cet attachement à l’objet inanimé comme l’expression d’un sentiment d’insécurité et non comme une étape normale du développement de l’enfant. Le débat n’est toujours pas clos aujourd’hui.

Des études indiqueraient que le pourcentage d’enfants ayant un doudou est bien plus élevé dans les familles occidentales, urbaines, avec allaitement court ou inexistant.
Les bébés bénéficiant d’une grande proximité avec leur mère (je suppose que ça marche aussi avec le père) ne ressentiraient donc pas vraiment ce besoin de « faire la transition » justement sur un objet.
Les différentes pratiques de maternage (cododo, allaitement, portage…) consistant justement à être proche physiquement de son enfant jusqu’à ce qu’il décide de lui-même de s’ouvrir de plus en plus au monde et de développer son autonomie.
Le recours à un objet transitionnel serait donc un phénomène facultatif et culturel.

À noter qu’en aucun cas, la mère ne remplace le doudou/la sucette, elle joue son rôle de mère en répondant aux besoins de son enfant. C’est le doudou/la sucette qui pallie l’absence de la mère lorsque c’est nécessaire, afin que l’enfant puisse se sentir bien malgré tout.

Dans nos sociétés occidentales modernes, les parents sont moins présents qu’autrefois/qu’ailleurs que ce soit par choix ou par contrainte. Dans ce cas, l’objet transitionnel est d’une aide précieuse pour que les choses se passent en douceur pour parents et enfants.

Porter son enfant physiquement et psychiquement
On aborde ici les notions de holding, de handling et d’object presenting définies par Winnicott.
Le holding (portage) représente la façon de porter l’enfant, plus ou moins rapprochée, plus ou moins sécurisante. Le handling (manipulation) est l’ensemble des soins quotidiens dispensés à l’enfant, ce qui lui permet de dissocier son corps de son environnement. L’object presenting (présentation d’objet) est, comme son nom l’indique, le fait de montrer, donner des objets à son enfant pour susciter sa curiosité, provoquer des interactions et l’aider à découvrir le monde.

Je trouve ces idées intéressantes et non dénuées de sens. Cependant d’après les quelques recherches que j’ai faites sur le sujet, ça se complique par la suite. En effet la mère (ou le parent le plus présent) doit doser ses interventions (ni trop ni pas assez) pour ne pas compromettre le développement de son bébé.
C’est mettre une pression phénoménale et le poids de la culpabilité sur la mère (phénomène récurrent chez pas mal de psychanalystes ?) et ça me dérange. Où est la spontanéité, le droit à l’erreur, l’individualité ?
Entre partir dans des excès, transmettre ses peurs et ses névroses et puis devoir doser chaque interaction de peur de mal faire il y a un monde.
La théorie de la good enough mother (mère suffisamment bonne) est un peu plus complexe que ça et tout ne me semble pas à jeter mais j’en garde une mauvaise impression vue la conclusion culpabilisatrice à laquelle on arrive.

Bref…
Je n’ai pas été convaincue par tous les concepts développés par Winnicott (et je serais ravie qu’on m’éclaire sur certains points ou qu’on me corrige si besoin). Et vous ?

macaron (2)

Retrouvez-moi sur les Vendredis Intellos :)

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2 commentaires

  1. Bonjour,
    Winnicott, comme tous les psychanalystes, se fonde sur bien peu de choses pour affirmer ce qu’il affirme. J’y englobe les théories freudiennes, et les intuitions personnelles de Winnicott, une intuition non-vérifiée et quelques observations n’ayant jamais produit de théorie valide (la validité d’une théorie étant intéressante lorsqu’on veut l’appliquer à l’humanité ^^). En cela, l’objet dont vous parlez ainsi que les différents concepts relatifs à l’enfant ne sont pas plus justes qu’une quelconque théorie que vous auriez, ou que j’aurais produite, en nous basant sur (que sais-je ?) le magnétisme. L’ennuyeux est que Winnicott adhère à des théories (la psychanalyse) qui renforcent l’idée que la femme est au mieux un dérivé de l’homme, des théories qui culpabilisent les mères nommées responsables d’à peu près tous les troubles de leurs enfants. Encore plus ennuyeux reste la bonne réputation de la psychanalyse en France – et son omniprésence, qui font… qu’on parle encore de Winnicott en 2014, autrement que via l’HISTOIRE de la psychologie. ^^
    Vous faites donc bien de vous méfier de cela 🙂

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    • Merci beaucoup pour ces précisions ! Très intéressant.

      Voyant que Winnicott revient « à la mode », je m’attendais à des critiques sur ce billet mais finalement on est pas mal à ne pas adhérer du tout à ces théories.

      Si ce monsieur était également sexiste, je vais définitivement passer mon chemin !!

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