L’an dernier je vivais dans un patelin super rural de moins de 100 habitants, avec pour voisin un exploitant de vaches laitières.
J’étais encore carniste/omnivore.
C’est peut-être là-bas que j’ai commencé à voir les choses différemment.
Je m’informais déjà sur les produits chimiques, les pesticides et l’huile de palme qui envahissent notre alimentation et sur leurs effets dévastateurs au niveau sanitaire et écologique. J’avais décidé de ne plus aller dans des zoos/cirques/delphinarium pour ne plus cautionner la barbarie et la captivité d’être vivants et je savais que je devais boycotter la plupart des marques de cosmétiques afin de ne plus consommer des produits testés sur les animaux.
Mais je mangeais toujours de la viande.
L’été dernier, j’ai suivi un peu plus mon ressenti qui me dictait depuis longtemps que c’était terrible de manger des « bébés animaux » (comment les nommer autrement alors qu’ils ne sont même pas en âge d’être sevrés du lait de leur mère ?) en arrêtant de manger du veau et de l’agneau (alors que j’aimais vraiment le goût de leur viande).
Le dégoût avait pris le pas sur la gourmandise et l’égoïsme.
Mais je mangeais toujours de la viande.
Puis, en me promenant dans le village au bord des prés avec ma fille de même pas 1 an, j’ai pris l’habitude de montrer les vaches à ma puce, de leur faire coucou.
Je considérais les vaches comme une espèce animale excessivement placide et à la vie intellectuelle très limitée, bien que dégageant un sentiment de douceur.
Pourtant, un jour, en m’approchant du pré, j’ai remarqué qu’une vache nous suivait du regard… et en la regardant dans les yeux, j’ai eu un sentiment étrange auquel je ne m’attendais pas. Son regard m’a fait penser à celui d’un chien.
J’aime les animaux sans être passionnée par eux. Simplement, comme à peu près tout le monde, je pense – j’espère -, j’ai déjà constaté à quel point on pouvait communiquer par le regard, par exemple avec un chien ou un chat. « Un chien/chat, c’est intelligent. Une vache, c’est bête. » J’ai l’impression d’avoir entendu ça depuis l’enfance. Tellement de fois que je ne l’ai jamais remis en question.
Pourtant même si l’intelligence d’un chat ou d’un chien est peut-être supérieure à celle d’un bovin, les émotions sont les mêmes. Il faut donner une chance à toutes les espèces animales de communiquer avec nous.
Ce regard, cette rencontre, m’ont aidé à remettre en question les préjugés que l’on a sur les animaux « de ferme ».
« Ils sont bêtes, ils méritent d’être mangés, ils sont nés pour ça. » NON. Peu importe qu’ils soient mignons, intelligents, ils veulent vivre autant que nous et ressentent les mêmes émotions. Nous n’avons aucun droit de les maltraiter alors que nous n’en avons pas la nécessité !
Crédit : Jo-Anne McArthur
Le parallèle que j’ai ressenti entre moi et cette vache a été d’autant plus fort que l’humain et la vache sont des mammifères et que j’étais justement une maman allaitante. Cette vache m’a regardé, a regardé mon petit. Je ne peux évidemment pas savoir ce qu’elle pouvait bien penser, mais son regard était tout sauf idiot. Et je sais qu’il lui manquait forcément quelqu’un : son veau. Je n’ose imaginer la douleur de perdre l’être que l’on a porté dans son propre corps puis fait naître et que personne ne peut aimer et protéger aussi bien que soi. L’attachement des mères mammifères envers leurs petits (et vice-versa) est une réalité biologique (qui supporte des exceptions, mais la règle reste indéniable). Il ne s’agit donc pas d’anthropomorphisme ou de sentimentalisme à outrance mais de faits. Ce jour-là je me suis senti vraiment mal à l’aise et coupable…
Les mois suivants, je me renseignais tant et si bien que je supprimais en premier lieu les produits laitiers pour prendre la voie du véganisme…
Crédit : Jo-Anne McArthur
Merci d’avoir publié ton témoignage. Mon allaitement et la lecture de « Lait: Mensonges et Propagandes » ont été pour moi les déclencheurs dans mon arrêt de consommation de produits laitiers. En outre, j’ai grandi à la campagne et j’ai toujours été émue par la douceur se dégageant des yeux des vaches. Ma famille trouvait cela ridicule, pensant sans doute qu’un animal ne méritait pas un tel honneur. Aujourd’hui, mon avis est inchangé et le décalage entre la violence faite aux vaches (inséminations à répétitions, séparation de leurs petits, traites) et la douceur qui émanent d’elles me touche profondément. Nous les humains consommateurs sommes déconnectés des modes de production et oublions que nous exploitons des mammifères physiologiquement proches de nous. Je suis heureuse de découvrir ton blog. Merci d’être passée sur le mien.
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